Lettre à Rose : mon poème-hommage aux Soldats de la Grande Guerre 14-18
- Par Sandra Dulier
- Le Lun 11 nov 2024
- Dans Les archives du temps
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Le temps danse le fil des jours.
Tu me manques là, mon amour.
J'ai le souvenir de nos pas,
Les soupirs de nos ébats.Tout claque et part en fumée
Dans ce cloaque et ce charnier.
Nos âmes claires bientôt seront
En d'autres ères loin du clairon.Je te dis adieu, ma douce Rose,
En tendres bleus, paupières closes.
Ne pleure pas, mon ange,
Tu resteras toutes mes louanges.Je parsèmerai de fleurs
Les ornières de ton cœur,
Ma douce Rose, ma mie,
Ma tendre Rose, ma poésie.Ton corps-île me manque tant,
Ton parfum en moi est omniprésent.
Berce notre petit Louis dans tes bras de fée
Et de moi dis-lui combien je l'ai aimé.Vos deux visages m'accompagnent
Dans ces éclairs de folie et de hargne.
Un jour le soleil se lèvera sans armes
Et de nos veilles cesseront les larmes.Le ciel dansera, ma douce Rose,
Et la Paix chantera, enfin éclose.
Ne perds pas espoir, mon tendre amour ;
Dans ton miroir viendra le jour.Garde de ton Pierrot les souvenirs
Et de nos échos, tous les rires.
Adieu ma Rose, adieu Louis,
Près de vous, je vis.
Correspondance fictive d’un Poilu à sa femme et son fils Louis, ce poème en huit quatrains, écrits d'un jet vif, sans interruption ni correction, a naturellement pris le tempo manichéen de la valse et du bruit des obus. La poésie a cette force de pouvoir exprimer l'indicible. Ici se décrit le tiraillement d'un homme victime d'une guerre innommable, partagé entre terreur, dégoût, deuil et espoir. J'ai voulu ce poème comme la capture d'un instant, celui d'une mort annoncée où la poésie devient refuge et transcendance lumineuse de l'horreur. Cet homme ne veut pas d'une mort inutile, et par son poème, il espère et bénit de ses souvenirs la paix à venir. Il laisse dans cette lettre la trace d'une humanité et d'un amour, témoignage de l'endurance des sentiments : la vie persiste malgré tout, et tout conflit et douleur offriront un jour leur résilience. La poésie est toujours un acte de résistance.
Pour aller plus loin, je vous conseille mon article Fleurs de novembre où je vous transmets en lecture une authentique lettre de Poilu.
Sandra Dulier, Plume Funambule
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