Histoires de regard et de synchronie d'âmes
- Par Sandra Dulier
- Le Ven 08 mars 2024
- Dans Les archives du temps
- 8 commentaires
Être femme est compliqué, car ça implique sans cesse le regard des autres. Ces regards qui vous toisent, vous jugent, vous désirent. Ces regards silencieux qui sont encore le seul miroir que vous tend la société.
Ces regards souvent fixes, dévisageant le silence. Ces regards parfois bienveillants qui tentent de traduire le sillon d'une année ou d'un siècle, mais qui vous étiquettent sans conscience du formaté. Ces regards condescendants ou paternalistes qui pensent mieux vous connaître que vous-même alors qu'ils n'ont subi aucun des pièges mille fois tendus. Ces regards qui vous boivent avec avidité, soûlant au passage l'amour débordé. Ces regards qui fuient, par peur ou excès émotif.
…
Ce regard enfin qui est celui du pays, ce parfum, cette ombre-même que vous connaissiez déjà sans vouloir oser le rêver. Ce regard qui finit dans un sourire et qui vous dit simplement : "Je suis là."
Alors, cette femme ferme les yeux et s'endort sur votre poitrine. Et dans ses rêves, votre regard survit, telle l'étincelle divine d'un accord parfait entre le ciel et l'iris. Et dans son sommeil dénudé, vous la regarderez avec toute l'intensité d'un homme comblé et apaisé. Elle se réveillera et d'un regard vous dira :"Je suis là."
- "Je suis là" est une affirmation puissante et consciemment choisie. Elle valide la présence de l'Autre, dans un sentiment d'égalité et de partenariat, dans un équilibre et un engagement mutuel. La synchronie est profondément intuitive et émotionnelle. Souvent non-verbale, elle est basée sur le langage corporel et comportemental presque inconscient. C'est une compréhension mutuelle profonde, bien au-delà des mots, loin de toutes explications conventionnelles. Le coeur, en parfaite synchronie avec l'Autre, est aussi témoin d'un lien entre deux âmes soeurs.
-
La femme est l'héritière du tout premier regard du vivant.
- Kheira Chakor -
Les infirmes, comme les jolies femmes, sont las d'être regardés; ils ont la nausée de vivre continuellement cernés par le regard des autres, et c'est de leur existence même qu'ils chargent le regard qu'ils renvoient aux autres.
- Yukio Mishima -
La tendresse, c'est mon regard émerveillé sur ce que tu me donnes, c'est ton regard ébloui sur ce que je t'offre.
- Jacques Salomé -
L'eau, quand elle monte d'un regard de femme, peut tout renverser, et il n'y a pas de mur qui tienne, surtout si le mur est un homme qui vit et vibre dans l'azur comme un violoncelle.
- Guy Goffette
Sandra Dulier, Plume Funambule
Retrouvez Carnets poétiques, présenté au Salon du Livre de Paris 2017, et disponible à l'international au catalogue TheBookEdition.
Deux textes inédits par mois ? Une exclusivité pour les abonnés.
Nous ne diffuserons votre adresse à personne.
Vous pourrez vous désabonner à tout instant.
Cliquez sur le lien de confirmation reçu dans votre boîte mail.
✑ De vous à moi ✑ Journée Internationale des Droits des Femmes ✑ Poésie ✑ Amour ✑ Mis à jour
Commentaires
-
- 1. Lucie Le Sam 09 mars 2024
J'adore la citation de Jacques Salomé sur la tendresse. La deuxième partie de votre écrit m'a émue. Le célibat est un combat. Les hommes ne veulent plus s'engager. Les relations sont éphémères et volatiles. J'ai arrêté de chercher, mais j'espère un jour ce regard. Existe-t-il finalement ? Je suis là, mais lui pas ! Il me reste la lecture et les mots, mon jardin et mes ados. Pour eux, je m'inquiète aussi. Surtout ma fille. Une maman, un peu perdue.-
- Sandra DulierLe Sam 09 mars 2024
Bonjour Lucie. Ne pas désespérer. Vous êtes une combattante. Je le sens dans votre récit. L'amour est bien souvent le détour d'un hasard. Quant à votre fille, elle s'en sortira, vous verrez. Nos adolescents sont plein de ressources. Merci pour votre passage ici. Bon week-end.
-
- 2. Jessica Le Sam 09 mars 2024
La journée des droits des femmes, c'est tous les jours ! Les regards changent, mais c'est lent. Bref, ça me saoule. Mais j'adore le texte. Il me fait rêver. Merci Sandra.-
- Sandra DulierLe Sam 09 mars 2024
Bonjour Jessica. Je vous comprends. Oui, une journée des droits des femmes peut agacer avec cette impression de trop de lenteurs. Cependant, c'est l'occasion pour les médias de faire un focus sur le chemin encore devant nous. Pour ma part, je trouve que l'invisibilité disparaît peu à peu. Il y a aussi de plus en plus de voix féminines qui s'expriment. J'espère une relation plus apaisée à l'Autre. Mon récit se veut ce chemin d'équilibre par ce miroir du "Je suis là." Merci pour avoir exprimé ici votre ressenti. Bon week-end.
-
- 3. Anonyme Le Sam 09 mars 2024
Chère Sandra,
Votre réponse réchauffe le cœur et renforce l'admiration que je porte à votre travail. La sensibilité et l'authenticité avec lesquelles vous abordez des thèmes aussi délicats que la féminité et l'intimité amoureuse ne peuvent qu'encourager un dialogue plus profond et empathique dans notre société souvent trop superficielle. Il est courageux de votre part de partager ces réflexions, sachant qu'elles toucheront et éclaireront de nombreuses âmes.
Comprendre que mes mots vous ont apporté un moment de joie me conforte dans l'idée que la littérature est un pont entre les êtres, capable de transcender les distances et les différences. Votre œuvre est un rappel précieux que chaque histoire, chaque regard partagé enrichit notre monde commun.
Je vous souhaite tout le succès que vous méritez et reste avec impatience à l'écoute de vos futures créations. Que ce week-end vous soit doux et inspirant.
Bien à vous.-
- Sandra DulierLe Sam 09 mars 2024
Merci.
Ajouter un commentaire
